Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Stratégie et marketing Alimentaire
28 janvier 2005

La vérité est-elle dans le vin ?

Le Sénat a adopté mercredi 19 janvier 2005 un amendement gouvernemental au projet de loi sur le développement des territoires ruraux, autorisant "des références objectives relatives à la couleur et aux caractéristiques olfactives et gustatives" dans la publicité pour le vin.

Cet amendement a été adopté à l'unanimité.

Le vin est, en France, un sujet qui permet facilement de mobiliser pour sa défense de très nombreux français et en particulier de très nombreux sénateurs originaires du monde rural. Il n'est pas question ici de rejeter le caractère culturel du vin ou l'impérative nécessité de soutenir la diversité des productions face à un vin mondialisé.

En effet, sans rentrer dans le conflit entre les défenseurs de la viticulture et les partisans de la lutte contre l'alcoolisme au nom de la santé publique, il semble peu probable que l'utilisation de références relatives aux terroirs de production, aux distinctions obtenues, aux appellations d'origine (...) ou aux indications géographiques modifie de manière significative l'image du vin et sa consommation en France.

Le monde viticole doit (enfin ?) considérer qu'il s'agit non seulement de communiquer sur le produit afin que le consommateur apprécie l'offre qui lui est faite mais bien de prendre en compte la vérité du consommateur d'aujourd'hui. Or, cette vérité évolue bien plus vite qu'on ne le croit.

Autrement dit, il faudrait quitter une stratégie qui consiste à communiquer la vérité (souvent pas très satisfaisante) d'un produit pour s'attacher à s'appuyer sur les attentes du consommateur. Le monde viticole découvrirait alors qu'il ne s'agit pas d'un simple problème de communication mais bien d'un problème plus global de marketing. Cette approche a, bien sûr, l'inconvénient de poser bien des questions auxquelles il n'est pas facile de répondre.

Cette approche a aussi l'inconvénient de remettre en cause des idées reçues et des pratiques ancrées dans l'histoire. Il semble pourtant qu'il soit nécessaire et urgent de poser la question
- du produit : pourquoi le bordeaux que j'achète à 4,50 euros la bouteille m'arrache la gorge ?
- du packaging : pourquoi l'étiquette me donne l'impression que je cotise au train de vie d'un noble de la vigne alors que je cherche un vin sympathique à boire avec mes amis pour ne pas dire tout simplement sur mon fromage ?
- du merchandising : pourquoi je n'ai toujours rien compris au linéaire vin alors que je le pratique toutes les 3 semaines alors que j'ai appris le rayon de l'ultra-frais en 2 visites à mon hypermarché préféré ?
- du packaging encore : pourquoi mon épouse/ma copine/ ma maman (cocher la case) doit tirer comme un sourd sur un bouchon en liège qui s'effrite dans la bouteille alors qu'elle n'est qu'une faible femme qui n'arrive pas à ouvrir une bouteille sans un Screwpull à 112,23 euros.

On a l'impression que c'est au consommateur de faire des efforts (et pas seulement au sens physique du terme) pour mériter le divin nectar et pas au producteur de se remettre en cause pour me séduire.

Je suis heureux que le texte adopté "précise la loi actuelle sans la dénaturer" (dixit Philippe Douste-Blazy). Il n'en reste pas moins que tout le travail reste à faire pour les professionnels du vin. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Stratégie et marketing Alimentaire
Publicité
Archives
Publicité